FACONNER DES COMPETENCES

Cameroun – Grands projets: Le génie civil veut mieux s’impliquer

Les contours de la question ont fait débat lors des rencontres annuelles de l’Ordre national des ingénieurs du génie civil les 29 et 30 janvier derniers à Kribi.

Ils ne sont pas passés par quatre chemins pour dire combien ils sont très peu associés à la réalisation des grands projets structurants au Cameroun. Les ingénieurs de génie civil, en conclave à Kribi, chef-lieu du département de l’Océan, région du Sud, les 29 et 30 janvier derniers, ont passé au vitriol la situation de la profession, au cœur des grands projets en cours de réalisation ou à venir. Le thème des travaux de ces rencontres annuelles, organisées par l’Ordre national, a porté sur les « enjeux et opportunités » offerts par les grands projets.

Des barrages aux hôtels, en passant par les routes, ports, centrales thermiques, stades et ponts..., autant de projets porteurs impulsés par le chef de l’Etat et mis en œuvre par le gouvernement, dans la conception, la réalisation et la gestion desquelles l’ingénieur de génie civil ne se sent pas fortement impliqué. C’est dire combien, comme l’a reconnu le président de l’Ordre national des ingénieurs de génie civil, Kizito Ngoa, l’option d’émergence de notre pays fait débat parmi les ingénieurs. Considérés comme un trésor national, ils refusent d’assister à l’œuvre de développement de notre pays, finalement construite par l’ingénierie étrangère, associée aux travaux de réalisation des grands projets en cours. Pour Kizito Ngoa, l’ingénieur se sent interpellé, à moins d’être indexé, d’où cette ferme volonté de réaffirmer l’apport de la profession au progrès de la société, se situant ainsi au cœur de la longue et exaltante marche vers l’émergence.

Voilà pourquoi les échanges, au cours de la première journée dite technique, ont tourné autour des communications spécifiques. L’exposé introductif a ainsi su donner le ton des échanges. Pour Emeritus Siegfried Dibong, président de la Chambre de discipline de l’Ordre, « la présence des ingénieurs de génie civil dans la réalisation des grands projets n’est pas un souhait, mais une nécessité ». Seulement, a-t-il poursuivi, « leur entrée dans l’arène des grandes réalisations ne doit pas se faire dans l’amateurisme ». D’où l’observation scrupuleuse de quatre critères, devant sous-tendre l’implication des ingénieurs de génie civil dans les grands projets. Ces critères portent sur l’exigence du mérite ou la compétence, la cohésion ou l’assistance réciproque, le principe de la continuité entre l’expérience avérée et l’émergence des nouveaux savoirs et, enfin, celui de la réalité ou de l’appropriation, consacrant une bonne place aux locaux dans l’élaboration et la mise en œuvre du projet.